PAR COURT

Centre Dramatique National, le TJP accompagne les artistes et soutient la création de nouvelles œuvres autant qu’il favorise leur rencontre avec le public. À l’occasion des Micro Giboulées, le TJP offre à trois artistes l’opportunité de présenter un instantané de leur travail en cours au public comme un avant-goût du spectacle en préparation. D’une salle à une autre, d’une forme à une autre, d’un univers à un autre, ce parcours est une invitation à découvrir les artistes, leurs recherches et leurs gestes de création d’une autre manière et d’en échanger avec elleux sur le vif.

LA COULÉE
JULIEN LADENBURGER
CIE LA FRICHE

Projecteurs coulants, anomalies et dysfonctionnements, modelage et liquéfaction de cire, scénographie éphémère… Voilà quelques promesses que livrent les recherches de Julien Ladenburger, jongleur et acrobate diplômé du Centre National des Arts du Cirque, pour sa première création. Ce projet démarre par un coup de foudre pour une installation plastique d’Hervé Nahon, Time is light (1998), dans laquelle 36 ampoules activent l’évolution d’un cube de paraffine, d’une forme géométrique à organique. Ce solo de manipulation d’objets donne la part belle au travail de la matière et au moulage. Julien Ladenburger souhaite créer un spectacle en décomposition, un espace dans lequel les matériaux et la scénographie sont mouvants et mettent en jeu des paradoxes. Une invitation à un moment de bug partagé.

Julien Ladenburger se forme à l’École de Cirque de Bordeaux où une forte attirance pour le théâtre et l’acrobatie émerge. Il intègre en 2019 le cursus commun de l’École Nationale des Arts du Cirque de Rosny-Sous-Bois et du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne en tant que jongleur. Il y développe un jonglage nerveux, mixé à l’acrobatie et déstructuré par des impulsions gestuelles souvent rapides et précises. Le travail fait main, artisanal, se révèle être un élément important dans ses recherches jonglistiques et scénographiques. L’exploration de la métamorphose des matériaux influence fortement ses propositions artistiques. Durant ses études, il collabore notamment avec Kaori Ito, Guy Alloucherie, Raphaëlle Boitel et Marie Molliens. Diplômé en 2022, il crée la compagnie La friche.

JE TE ES !
MAXENCE MOULIN
13ème promotion de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette

Une loge, un miroir, une histoire. « Je me hais de savoir qu’en te parlant je me parle à moi-même. » Maxence Moulin, marionnettiste en formation, explore la dualité de l’identité à partir du rôle de comédien. Être comédien, c’est perdre la tête. Vivre la vie de quelqu’un·e d’autre. Porter un rôle et se parer de faux semblants. Mais qui de l’acteur ou du personnage est celui qui se révèle le plus sur scène ? Faire mourir son personnage sur scène serait alors peut-être l’apothéose d’une vie simulée pour dissocier définitivement ses identités. Librement inspiré de la pièce Actrice de Pascal Rambert et de la chanson Mourir sur scène de Dalida, il utilise ses propres textes et joue avec les subterfuges offerts par les arts du masque et du maquillage pour brouiller les repères. Ne plus savoir quel rôle est investi, où est la simulation, ni à quelle apparence se fier. Cette recherche est le prolongement d’une forme très courte produite en 2ème année d’étude à l’ESNAM, sous l’œil attentif de Camille Trouvé et Brice Berthoud, binôme des Anges au Plafond, parrain de la 13ème promotion.

Après un parcours en Conservatoire, et titulaire d’une licence d’études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle, Maxence Moulin intègre en 2021 la 13ème  promotion de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette. Unique école dispensant une formation initiale des marionnettistes, elle permet de suivre l’enseignement d’artistes reconnu·es à travers un cursus d’études supérieures de 3 années. Elle a pour objectif la maîtrise des fondamentaux de la marionnette contemporaine tout en veillant au développement du langage artistique de chacun·e. Passionné par la frontière entre réalité et fiction, Maxence Moulin s’intéresse au jeu entre le vrai et le faux, l’inanimé et le vivant. Il aime créer le trouble en déplaçant la réalité dans un monde où la logique n’impose plus ses lois.
marionnette.com

CROIRE AUX FAUVES
LAURE WERCKMANN
CIE LUCIE WARRANT

Pour son 2ème projet, la compagnie Lucie Warrant poursuit un travail théâtral révélant de nouvelles figures féminines à partir d’écritures contemporaines. Après Pupilla et j’aime, Laure Werckmann choisit d’adapter, mettre en scène et interpréter en solo le récit autobiographique de l’anthropologue Natassja Martin, Croire aux fauves. Elle y trouve l’inspiration de porter sur scène une figure bouleversant les limites de son identité et concevant sa construction comme une hybridation avec l’autre. L’anthropologue fait face à sa métamorphose suite à la rencontre avec un ours au Kamtchatka et sa morsure au visage par celui-ci. Le récit débute juste après l’accident, en 2015, et se déploie au fil de sa réparation, entremêlant les temps et les traces que forment ses souvenirs, ses écrits, sa recherche et ses rêves. Avec le regard et les outils des créateur·rices qui l’entourent – maquillage, prothèses, costumes, lumière … – Laure Werckmann souhaite aller dans les profondeurs de la transformation, jusqu’au trouble. Là où ce que l’on croit comprendre n’est plus ; là où se tient l’être restauré et désormais hybride ; là où l’être mythologique est convoqué.

La Compagnie Lucie Warrant est fondée en 2019 à Strasbourg par l’actrice Laure Werckmann. Nourrie par 25 années de travail d’interprète sur les scènes théâtrales et par son expérience de pédagogue, la comédienne souhaite ainsi porter un travail de mise en scène qui se définit au centre du plateau, depuis le cœur de son métier, dans le geste de l’acteur·rice. Laure Werckmann débute au Théâtre du Peuple de Bussang avec Philippe Berling avant de participer durant 3 ans à l’aventure collective et utopie communautaire de la compagnie d’Edvin(e) avec Eric Ruf. Elle poursuit son travail d’interprète auprès de différent·es metteur·euses en scène : Guy Delamotte, Gilles Bouillon, Laurent Crovella, Catherine Javaloyes, Éric Lacascade, Ambre Kahan, Noémie Rosenblatt. Elle cultive une relation étroite aux écritures contemporaines qui s’initie lorsqu’elle co-dirige pendant 3 ans le Festival Actuelles, et se développe au travers des textes d’auteur·rices vivant·es qu’elle interprète: Claudine Galéa, Daniel Keene, Luc Tartar, Ivan Viripaev… Frédéric Vossier lui offre un monologue Pupilla. Nane Beauregard lui confie J’aime son premier roman. Avec sa jeune compagnie, elle se met en scène dans ces solos qui donnent à voir de nouvelles figures féminines, et travaille le lien avec le public par l’émotion. Deuxième création de la compagnie, et premier récit de Nastassja Martin, anthropologue spécialiste des populations arctiques, Croire aux fauves, s’inscrit dans cette lignée.
luciewarrant.com