Amour-s : lorsque l'amour vous fait signe, suivez-le...

Le chorégraphe Radhouane El Meddeb s’inspire du poème Lorsque l’amour vous fait signe, suivez-le, de Khalil Gibran. Une femme et trois hommes y dialoguent, chacun·e leur tour avec les compositions du pianiste Nicolas Worms interprétées par Clément Darlu. Leurs explorations du sentiment amoureux passent par une transfiguration des êtres via la passion. Avec délicatesse, les gestes défient la lenteur, le tournoiement ou le jaillissement dans un hommage corporel au mystique libanais. Dans Le Prophète, dont sont issus ces exquis vers libres, l’auteur (1883-1931) trace l’histoire d’un homme à la quête du bonheur, de l’extase, de la bonté, sans être en rien moralisateur. L’écriture du mouvement a tout de l’élixir tant charnel que spirituel, de l’immersion dans l’intimité des interprètes. Elle offre du temps au regard et à l’introspection, de la passion à des interprétations inspirées et de la profondeur à un espace à demi nu. La ferveur de l’AMOUR-S pluriel qui les étreint est vive et sensuelle.

Formé à l’Institut supérieur d’Art dramatique de Tunis, Radhouane El Meddeb est consacré Jeune espoir du théâtre tunisien en 1996 par la section Tunisie de l’Institut International de Théâtre. Il y collabore avec Fadhel Jaîbi, Taoufik Jebali et Mohamed Driss, artistes phares du monde arabe. En 2005, le théâtre ne lui suffit plus et il signe son premier solo Pour en finir avec MOI. Introspection intime autant qu’expérience vitale, cette révélation le fait entrer dans la danse et devenir chorégraphe-interprète. Repéré aux Rencontres chorégraphiques de Carthage, il fonde la Compagnie de SOI en 2006. Le corps et son imaginaire tiennent une place essentielle dans son travail. Parmi ses pièces phares, son solo Sous leurs pieds, le paradis, co-écrit avec Thomas Lebrun, Au temps où les arabes dansaient… ou encore le très touchant À mon père, une dernière danse et un premier baiser. Il s’y dévoile et tisse un lien délicat entre son histoire et celles du public. Sa dernière création, Le Cabaret de la Rose blanche, a été présentée en février 2024 au Manège, Scène nationale de Reims.

« Dans cette quête originelle, les danseurs apparaissent on ne sait comment et disparaissent on ne sait pourquoi. Le pianiste n’est pas là pour les accompagner. Il évolue dans son histoire, dans un rapport étroit à sa musique et à son instrument. »
La Terrasse, Delphine Baffour, 04/2019